Problème du cloud computing : comprendre enjeux et solutions

En 2023, 94 % des entreprises mondiales utilisaient au moins une solution basée sur le cloud, selon Flexera. Pourtant, 45 % de leurs responsables IT déclaraient avoir rencontré des pannes majeures liées à l’infrastructure distante au cours des douze derniers mois.

Les réglementations sur la souveraineté des données varient fortement d’un pays à l’autre, imposant des compromis techniques et financiers. Les cyberattaques visant les fournisseurs de services cloud augmentent de 27 % par an, tandis que la mutualisation des ressources expose à des risques de propagation.

Le cloud computing, entre promesses et réalités

Le cloud computing a conquis les entreprises, porté par des promesses de flexibilité et d’accès rapide à des ressources informatiques évolutives. Pourtant, derrière les slogans des prestataires, le tableau se révèle bien plus nuancé. Les différents modèles de déploiement cloud offrent des alternatives variées, mais chaque choix impose ses propres compromis.

Voici les principales formes de déploiement à disposition :

  • cloud public
  • cloud privé
  • cloud hybride
  • cloud communautaire

Chacune de ces solutions vise à répondre aux besoins spécifiques des organisations, mais il n’existe pas de recette universelle. Les directions doivent arbitrer entre exigences opérationnelles, sécurité et contraintes réglementaires.

Les avantages du cloud reviennent souvent dans les discussions : réduction du coût des infrastructures, déploiement accéléré des applications, équipes plus agiles. Mais l’adoption du cloud entraîne des défis nouveaux, tels que la gestion d’environnements multicloud ou la dépendance à des prestataires souvent incontournables. Migrer des systèmes critiques n’est jamais neutre. Les responsables IT avancent sur une ligne de crête entre complexité technique, pression sur les budgets et nécessité de rester dans le cadre des lois.

Le marché du cloud se concentre autour de quelques géants, qui imposent leurs propres règles du jeu. L’idée d’une informatique affranchie des frontières nationales cache souvent une réalité où la localisation des données et la souveraineté restent des sujets brûlants. Les directions informatiques sont donc confrontées à un dilemme : innover et gagner en efficacité, sans perdre la main sur leur patrimoine numérique.

Quels sont les principaux défis rencontrés par les entreprises ?

Passer au cloud computing ne se résume pas à une simple transition technique. Les entreprises doivent faire face à des défis bien réels, souvent plus complexes qu’annoncé. La sécurité des informations occupe le devant de la scène. Avec la multiplication des accès et des applications, les surfaces d’attaque explosent. Une configuration mal pensée peut suffire à ouvrir la porte à des fuites massives de données ou paralyser une activité entière. Le shadow IT, ce recours à des services non validés par la DSI, se développe à mesure que le cloud promet agilité et autonomie. Résultat : la cartographie des ressources utilisées devient difficile, et certains points faibles passent sous le radar.

La gestion du multi-cloud complexifie encore le paysage. Travailler avec plusieurs prestataires génère des soucis d’interopérabilité et de cohérence dans la sécurité. Les équipes informatiques se retrouvent à gérer des environnements fragmentés, où chaque cloud a ses propres règles et outils. Harmoniser les processus devient un défi quotidien.

La question de la conformité réglementaire ajoute une couche supplémentaire de complexité. Pour les groupes présents à l’international, il faut composer avec des exigences hétérogènes : RGPD, Cloud Act, CPRA… Adapter ses pratiques et outils à chaque texte de loi relève parfois du casse-tête. Trouver le bon équilibre entre accélération digitale et respect des obligations légales s’apparente à un numéro d’équilibriste.

Risques majeurs : sécurité, conformité et dépendance technologique

La sécurité cloud retient toute l’attention. Les incidents se multiplient : vols de données, attaques par ransomware, compromission d’identifiants. Les menaces ciblent aussi bien les infrastructures que les applications hébergées, et le moindre écart dans la gestion des accès peut avoir des conséquences lourdes. Un simple oubli dans la configuration s’est déjà traduit, pour certaines sociétés, par des millions d’enregistrements exposés sur la place publique.

La conformité se dresse comme un autre défi de taille. Dès qu’une entreprise opère à l’échelle internationale, elle doit jongler avec une mosaïque de règlements. RGPD en Europe, Cloud Act aux États-Unis, CPRA en Californie : chaque texte impose son lot de contraintes en matière de localisation, de traçabilité et de gouvernance des données. Les contrôles des autorités se multiplient, forçant les organisations à réviser leurs politiques et à documenter scrupuleusement chaque mouvement de données.

Enfin, la dépendance technologique, bien souvent sous-estimée, s’installe dès qu’une entreprise s’engage avec un grand fournisseur. Adopter l’environnement d’un acteur majeur comme Microsoft ou Google, c’est accepter ses règles, ses changements de politique tarifaire et la cadence de ses mises à jour. Vouloir changer de plateforme ou rapatrier ses données s’avère parfois long, coûteux et risqué. Les enjeux de réversibilité et d’interopérabilité pèsent lourd dans la stratégie cloud.

Femme assise sur le sol avec tablette dans un bureau à domicile

Des solutions concrètes pour surmonter les obstacles du cloud

Pour faire face à l’augmentation des risques liés au cloud, les entreprises multiplient les initiatives. Tout commence par la mise en place de mesures de sécurité robustes, pensées pour des environnements ouverts et distribués. Adopter une stratégie de gestion de la posture de sécurité devient central : il s’agit de surveiller en continu, segmenter les réseaux, chiffrer les données et maîtriser les accès. Les outils de CSPM (Cloud Security Posture Management) jouent un rôle clé en détectant à la volée les erreurs de configuration, limitant ainsi les failles potentielles.

La gouvernance des données prend une place grandissante. De plus en plus d’organisations s’appuient sur des règles internes claires, pensées pour répondre aux exigences du RGPD ou du Cloud Act. Certaines nomment même un chief sovereignty officer pour piloter les questions géopolitiques et réglementaires autour du cloud, un signe fort de la montée en puissance de ces enjeux, notamment en Europe.

Voici quelques pistes concrètes privilégiées sur le terrain :

  • Renforcer la formation des équipes IT pour réduire le shadow IT et diffuser les bonnes pratiques.
  • Définir des SLA (accords de niveau de service) exigeants lors de la contractualisation avec les prestataires cloud.
  • Se tourner vers des fournisseurs proposant un cloud français sécurisé ou opter pour des solutions hybrides, afin de mieux contrôler la localisation et la gestion des données.

Pour les secteurs les plus exposés, le choix d’un cloud distribué ou d’un cloud gouvernemental s’impose de plus en plus. Acteurs publics et industries critiques compartimentent leurs usages pour réduire l’exposition et garder la main sur leurs actifs les plus sensibles. Des cabinets comme Deloitte intègrent désormais l’audit de ces dispositifs à leurs missions, afin d’aligner les pratiques cloud avec les besoins métiers et les contraintes légales.

Le cloud n’est ni un passage obligé ni une panacée : chaque organisation trace sa route, entre pragmatisme, vigilance et volonté de garder le contrôle. Pour certains, c’est la promesse d’une transformation accélérée ; pour d’autres, un terrain miné à apprivoiser chaque jour. La question n’est plus de savoir si le cloud s’impose, mais comment chacun choisit de l’apprivoiser.

Ne rien ratez